La semaine pomme de terre tenue au Rwanda, une célébration de l’espoir pour les producteurs agricoles

20-12-2016 Tant attendue, la semaine dédiée à la pomme de terre de l’édition 2016 organisée conjointement par les organisations paysannes des pays de la sous-région des grands-lacs a finalement eu lieu du 29 novembre au 1 décembre à Musanze, dans la province du Nord au Rwanda. Le centre de formation de la coopérative agricole Imbaraga a servi de cadre à ces activités. Très prisé, la pomme de terre est au cœur de l’agri business dans la sous-région des grands-lacs.

Des participants (agriculteurs, chercheurs et responsables de banques et institutions de micro-finance) venus de la République démocratique du Congo, du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et de la Hollande évalués à plus d’une centaine ont échangé autour du thème : « accès au marché et au financement des producteurs agricoles impliqués dans le développement de la chaine de valeur pomme de terre dans la sous-région des grands-lacs. » 

À l’ouverture de cette grande campagne agricole, le Président  National du Syndicat  Imbaraga au Rwanda, Mr Jean Paul Munyakazi  a évoqué, lors de son allocution, les difficultés d’accès à la  semence tout en indiquant que la solution est toujours entre les mains des acteurs de la chaine de valeur, notamment les producteurs agricoles eux-mêmes, les chercheurs aussi, mais avec l’implication des gouvernements des pays concernés. Il en a également profité pour remercier le gouvernement Rwandais d’avoir supprimer les intermédiaires dans la commercialisation de la pomme de terre. Ainsi il encourage d’autres pays concernés, c’est-à-dire de la sous-région des grands-lacs, de penser à la mise en place d’une politique agricole.
Cependant Mr Gafaranga, secrétaire général de la même Organisation syndicale  est venu lui aussi renforcer ce même message en montrant aux participants la pertinence de l’activité, notamment parce que la pomme de terre contribue à la sécurité alimentaire, tellement qu’à partir de trois mois on arrive à récolter : « la pomme de terre est aussi rentable jusqu’à 40 tonnes par hectare. Elle est cultivée dans les 4 pays concernés, notamment en RDC au Rwanda en Ouganda et au Burundi, et presque avec les mêmes variétés : -58, Penape, Kinigi,victoria,Cruza…d’où la chaine de valeur pomme de terre ! » Explique toujours Mr Gafaranga qui précise aussi que la pomme de terre est de plus en plus sollicitée et surtout dans les hôtels pour consommation en divers recettes.

Convaincus donc de l’importance de la pomme de terre, les producteurs agricoles des pays de la sous-région des grands-lacs présents au Rwanda, ont à l’occasion, vu la nécessité d’engager une fluide collaboration pour profiter d’appointements qu’offre la pomme de terre.

Mr Stany Nzokirantevye est de l’organisation CAPAD du Burundi : « au cours des activités liées à cette semaine pomme de terre, nous avons appris comment multiplier la semence depuis  les vitro-plants  jusqu’à la semence certifiée ! Croyons donc que ce problème de semence certifiée aura alors sa solution ! J’ai appris comment on arrive à stériliser le sol et faire le mélanger de ce même sol sur lequel on plante la pomme de terre qui donnera un peu après une bonne semence .» Vice-président de la coopérative des producteurs agricoles pour le développement communautaire COOPADECO de la RDC, Mr Augustin Balasalitse soutient ici l’argument de son co-débateur Burundais. Il pense que ce contact constitue plutôt une valeur ajoutée dans sa coopérative : « je rentre chez moi au Congo avec plusieurs idées ingénieuses, lesquelles me permettront d’échanger avec les autres membres de l’organisation que je représente ici, pour voir dans quelle mesure nous pouvons aussi évoluer et installer peut-être aussi des ‘Green House’ chez nous. »

 

Mais pour madame Mireille Mihigo de la FOPAC/Sud-Kivu, l’expérience du genre est la première : « c’est pour moi la première fois de participer à la semaine pomme de terre. Cet engouement témoigne de l’intérêt que les producteurs agricoles accordent particulièrement à la pomme de terre. Ce que j’ai appris : comment on arrive à avoir des tubercules (mini- tubercule pré-base jusqu’à la semence certifiée) au fait, j’ai compris qu’en partant de l’aéroponie, c’est-à-dire cultiver en l’air sans le sol, on parvient à obtenir des tubercules qui serviront de semence ordinaire et enfin la semence certifiée. » Note-t-elle.

 

Mr Tindimubona Stephen, producteur Ougandais de  la pomme de terre et membre de l’Uganda National Seed Potato Producers Association remercie pour sa part Agriterra pour cet appui qu’il apporte aux organisations de la Région de Grands Lacs pour l’Afrique Centrale. Son organisation  est le lead dans l’amélioration de semences de la pomme de terre en Ouganda. Cette  association est basée dans plusieurs zones productrices de la pomme de terre et joue un grand rôle d’accompagnement de  producteurs de la pomme de terre dans l’amélioration et la multiplication de semences de la pomme de terre sans beaucoup dépenser dans la recherche semencière. « Je viens d’apprendre beaucoup de mes collègues  rwandais, burundais, Congolais et Néerlandais. Au  retour je dois restituer les acquis de cette semaine afin qu’ensemble nous puissions faire mieux que ce que nous faisions chez nous en Ouganda dans la professionnalisation de la culture de la pomme de terre»

Expériences et connaissances partagées,
Les échanges se sont étendus sur trois jours de suite selon l’agenda. Mery Betty Ka.Yayebwa  de MBADIFA,Mbarara District Farmers Association est une  agricultrice de la  pomme de terre qui a profiter de ces trois jours de la semaine pomme de  terre grands Lacs de nouvelles techniques culturales telles que le test du sol mené par INES en faveur de producteurs à moindre coût, les différentes  variétés de la pomme de terre avec usages diversifiées. « Ensemble, nous agriculteurs de la pomme de terre de Grands Lacs d’Afrique Centrale nous devons plaider auprès de nos gouvernement de s’impliquer d’avantage dans l’amélioration de la culture de la pomme de terre et surtout la disponibilité de semences de qualité aux agriculteurs de la pomme de terre tout en mettant plus d’efforts dans la lutte contre les différentes maladies qui attaquent notre culture et en améliorant également notre sol par l’utilisation efficiente de éléments nutritifs. Et il faudra que nos gouvernements louent plus de fonds   dans la professionnalisation de la culture de la pomme de terre sur toute sa chaine de valeur». Madame Mery Betty croit que la culture de la pomme de terre a besoin plus d’implication de producteurs sur toute la chaine de valeur. Et  il faut qu’ils aient une formation  continuelle  dans la production, la transformation et la commercialisation mais également la collecte et le stockage de la pomme de terre  pendant la période post-récolte.

De l’autre côté, Mr Isaac  Nzabarinda de la FECOPPORWA un agri-multiplicateur professionnel de la pomme de terre au Rwanda  en province du Nord dans le district de Musanze secteur Kinigi lui a été très ravi de rencontrer encore une fois les autres agriculteurs de la culture de la pomme de terre en provenance du Burundi, de l’Uganda, de la RD Congo et du Pays Bas. «  Pour moi, la semaine pomme de terre une opportunité  que j’ai toujours saisi, pas seulement pour des échanges mais également pour la vente de mes semences. Lors de la semaine pomme de terre, édition 2014, qui a eu lieu à Goma, j’ai conclu de contrat avec les organisations de la RDCongo, FOPAC Nord Kivu, SYDIP et COOCENKI qui sont venu s’approvisionner de muni-tubercule chez moi. J’ai gagné et j’en suis fier. Au même moment, J’ai eu un bon marché auprès d’IFDC Catalist qui a également acheté chez moi 20000muni-tubercules pour son ancien projet en faveurs des agriculteurs de la pomme de terre du Sud Kivu et du Nord Kivu.  Lors de la semaine pomme de terre, je reçois de bons résultats de mes muni-tubercules achetés et je me sens fier de mon travail d’agri-multiplicateur. Je peux me confirmer actuellement que je sers, pas seulement les agriculteurs de la pomme de terre du Rwanda mais mon marché est maintenant très étendu jusqu’à Masisi et Lubero, en RDCongo. Nos amis Burundais ci-présents  sollicitent également mon service. Voilà, l’importance de la dynamique paysanne pour la région de grands lacs ! Ce sont des échanges, partages d’expertises et marchés ainsi ensemble pour la professionnalisation de la culture de la pomme de terre sur toute sa chaine de valeur». La semaine pomme de terre grands Lacs a été un autre cadre pour Isaac de découvrir d’autre marché tel que celui sollicité par la COOPADECO, une coopérative de producteurs de la pomme de terre basée à Kingi en territoire de Masisi.

Occasion exceptionnelle pour Mr Gertjan Van Dueren agriculteur de la pomme de terre et membre de la coopérative NEDATO du Pays-Bas qui a été convié à la semaine pomme de terre Grands Lacs, édition 2016. Satisfait des échanges avec ses collègues de la Région de Grands Lacs, il a constaté que les producteurs du Rwanda se professionnalisent petit à petit dans cette culture aussi rentable dans la région. « J’ai eu à constater de problèmes qui guettent la culture de la pomme de terre dans cette région de Grands Lacs mais également il ya des opportunités car la pomme de terre  est sollicitée par  toutes les bourses. Je vois des usines de transformation, un marché  transfrontalier plus potentiel que ces Etats doivent améliorer ». Mr Gertajan  a rassuré aux producteurs de la pomme de terre qu’il est leur porte-parole et fera tout pour rapporter  à  sa coopérative ce qu’il a constaté  surtout les efforts fournis par les producteurs de la pomme de terre dans la production de semences de qualité de la pomme de terre et voir comment les semences néerlandaises peuvent  servir  aux agriculteurs de la région de grands Lacs. Ainsi, développer ensemble cette collaboration de recherche paysan-paysan dans l’amélioration de la culture de la pomme de terre dans cette région. « Je serai ravi de mener plus de mission pas seulement au Rwanda mais aussi au Burundi, en Ouganda et en RDCongo pour échanger plus avec mes collègues producteurs de la pomme de terre. Et ensemble, trouvons de voies et moyens  pour améliorer notre culture de la pomme de terre. Notre organisation NEDATO joue un rôle important dans la production et la commercialisation de la pomme de terre à l’intérieur qu’à l’extérieur du Pays-Bas. Elle essaie de trouver un  prix rémunérateur à ses coopérants. Je  conseille toutes les coopératives de la pomme de terre de cette région de Grands Lacs pensent comment accompagner leurs membres sur toute la chaine de valeur de la pomme de terre», a-t-il  ajouté, Mr Gertajan.

La semaine pomme de terre a été une occasion opportune aux responsables banquiers et chercheurs de partager leurs expériences en ce qui concerne la collaboration avec les producteurs agricoles de la pomme de terre.

Jean Baptiste Musabyimana


Share this article:
Presense locale
Un réseau mondial et dense de coopératives, d’organisations et d’entreprises agricoles
Des échanges de connaissances « pair à pair » de qualité supérieure

Adresse

Jansbuitensingel 7
6811 AA Arnhem
The Netherlands

+31 (0)26 44 55 445
agriterra@agriterra.org