Hier a Bukavu sur commercialisation de la semence de pomme de terre

21-03-2014 Comment commercialiser la semence de pomme de terre ? Quel est le circuit de distribution de la semence ? La grande question reste jusque la l'acces au marche potentiel de la semence de pomme de terre. Les producteurs semenciers de la sous region des Grands Lacs africains sont invites a visiter le depot contenant les semences de pomme de terre au sein de la cooperative Rucilweko situee a 24 km de la ville de Bukavu, en groupement de BUGOBE. Olivier nous raconte sur l'avant dernier jour de l'atelier sur les semences de terre qui reunit les semenciers et techniciens des Organisations Paysannes de Burundi, Rwanda, RDCongo et Ouganda, sous la facilitation de Sam de Vlieger, directeur d'une ferme d'experimentation, et Sander Giesen, producteur de semences aux Pays-Bas.

Une coopérative de vieux expérimentés dans la production la semence ainsi que de la pomme terre de consommation, Rhucilweko est une coopérative membre de l’UPDI depuis plus de 15 ans déjà et fait la pomme de terre depuis 1999. La visite d’aujourd’hui a beaucoup concerné la commercialisation des semences de la pomme de terre. Comme d’habitude la journée d’aujourd’hui a commencé par une visite d’un champ, ensuite de deux magasins de stockage et enfin par des exposés et partages des expériences sur la commercialisation. Vers 10 heures ce matin, la délégation débarque dans le champ de semence de Monsieur Cirimwami Muhaya, un champ d’une dimension de 5 ares où il pratique la sélection positive de la pomme de terre, variété KINIGI, sur une partie de son champ et la sélection négative sur une autre.

Une deuxième visite a été effectuée dans deux magasins au centre commercial de la coopérative Rhucilweko à l’endroit communément appelée ‘Compétence’. Les deux magasins contiennent deux variétés de semence à savoir le Kinigi et le Kirundo.

Pour les expériences de commercialisation le président de la coopérative a expliqué aux participants que le prix de la pomme de terre de consommation est fixée en référence de la moitié d’une mesure de farine de manioc comme aliment de base dans ce milieu, tandis que pour la semence, le prix diffère selon les périodes. Quand c’est juste la période de récolte lorsque les tubercules disposent encore d’une quantité importante d’eau, 1 kg de semence revient à 0,5$. Trois mois après, le kilo passe de 0,5$ à 0,8$ et à la période de semis il revient à 1$ pour les membres et autres producteurs de la pomme de terre de consommation et 1,2$ pour les grands fermiers.

La question si la femme gagne quelque chose dans la commercialisation de la pomme de terre a été posée au président de la coopérative. Le président a répondu par l’affirmation. Le participant qui a posé la question a dit qu’en Ouganda c’est le contraire : la femme peut produire, mais c’est son mari qui va commercialiser avec possibilité de ne pas lui donner quelque chose après.

Au Burundi, sein de la CAPAD le circuit d’approvisionnement et de commercialisation de la semence de pomme de terre est organisé de sorte que des 58 coopératives primaires encadrées, une d’entre-elles s’est spécialisée dans la production de semence. L’ISABU produit la semence de prébase pour la donner à la CAPAD qui la donne à son tour à sa coopérative pour multiplication afin d’obtenir la semence de base. Après deux séries de multiplication cette semence est vulgarisée dans les 57 autres coopératives. Selon les normes de l’ISABU, officiellement pour être semencier il faut disposer d’un espace de 4 ha. La CAPAD joue le rôle d’approvisionnement de la semence et pour cela elle a contracté un partenariat avec l’ISABU qui lui a donné une licence de commercialisation de la semence avec son label et son cachet signé ‘CAPAD’ comme source de provenance ou propriétaire. La commercialisation de pomme de terre de consommation est directement faite dans le marché commun tandis que la semence se fait à travers la coopérative spécialisée après avoir fait des calculs de rentabilité.

Monsieur Sam nous a parlé de leur expérience sur la commercialisation de la pomme de terre de consommation et Sander sur la commercialisation de la semence en Hollande. Pour Monsieur Sam trois voies de commercialisation sont possibles :

1.   le producteur vend à sa coopérative 50% de sa production ;

2.   le producteur vend à l’usine sous contrat qui transforme en chips 40% de sa production et

3.   c’est la vente directe au marché à 10% de sa production.

Le prix est fixé par un groupe de grossistes qui sont élus pour un mandat de 4 ans. La présence de l’état n’est pas signalée dans ce groupe. L’Etat se limite à la perception des taxes. Ce groupe fixe le prix en tenant compte des informations récoltées sur le marché, dans les magasins et à l’internet. Cette opération de recherche des prix s’effectue chaque semaine. Aussi comme partout au monde, le prix suit la loi de l’offre et de la demande. La pomme de terre de la Hollande est exportée dans presque tous les pays européens et souvent en Allemagne. Le prix de la pomme de terre  de consommation varie entre 10 à 15 Euros pour un sac de 100 kg.

S’agissant de la semence, Monsieur Sanders nous a fait voir qu’en Hollande ce n’est pas tout le monde qui produit la semence, parce que c’est d’abord très fragile, ça exige une attention particulière et son transport coute trop cher. Sa commercialisation se fait souvent sous contrat à 90% de la production. Pour son cas, il dit qu’il ne vend pas la semence mais il a un contrat avec l’une de deux grandes coopératives de la semence de pomme de terre de la Hollande à savoir HZPC qui a l’obligation d’acheter et revendre sa semence. Ces deux grandes coopératives de la Hollande spécialisées dans la production et la commercialisation de la semence (HZPC et AGRICO) commercialisent environ 70% de la semence produites en Hollande à l’extérieur du pays.

Pour fixer le prix de la semence de pomme de terre c’est la même chose que pour la pomme de terre de consommation. Il y a également des aspects de marketing qui entrent en ligne de compte pour jouer sur la demande.

Pour la question du rôle de la femme dans la production et la commercialisation de la pomme de terre, il dit que c’est l’inverse en Europe les tâches sont bien partagées, lui il s’occupe de la production et sa femme s’occupe de la commercialisation et le revenu est partagé fifty-fifty. Et, quand la femme est absente, le mari joue les deux rôles et vice versa. La journée s’est terminée sur la prise de repas.


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